Mieux qu’un autre, Guy Mansuy sait que l’on ne compose pas avec le monde extérieur tel qu’il se donne dans la surprise permanente de son instrumentalisation sans rester à son entière disponibilité. Les différentes pratiques qu’il n’a de cesse de développer depuis plus de vingt ans sont là pour en témoigner, chacune d’elles correspondant à une réplique plastique particulière au regard du matériel à travailler.
Il suffit qu’il trouve aux Puces tout un ensemble de vieux tampons encreurs ou de vieilles bobines de fil pour concevoir toute une série de surprenantes « sculptures de tables »; il suffit qu’il récupère une vieille boîte d’un jeu de Nain Jaune pour constituer toute une série de « collages construits » ou qu’il dispose de plaques d’appareils photos pour architecturer toute une série de « murs -rideaux »; il suffit qu’on lui fasse cadeau d’un lot de tissus colorés ou de vieux papiers peints aux motifs galonnés pour imaginer toute une autre série de superbes collages abstraits.
Guy MANSUY n’a pas son pareil pour exploiter les richesses plastiques des éléments dont il ne peut disposer. Il a une façon tout à fait personnelle de les réactiver à l’ordre de compositions très élaborées au sein desquelles il joue tant de leur qualité physique que de leur nature d’objet, tant de leur forme que de leur matérialité ou de leur chromatisme.
Avec une rigueur qui ne se prive d’aucune espèce d’inventivité, Mansuy joue aussi des motifs- qu’ils soient décoratifs, lettrés ou chiffrés- que comportent les pièces rapportées qu’il utilise, ajoutant si nécessaire tel ou tel signe peint, telle ou telle notation, pour caler sa composition.
Ces derniers sont utilisés par lui en qualité de plastique pure pour ce qu’ils participent à régler l’organisation proprement abstraite de chacune de ses compositions, l’artiste les déconnectant de toute référence anecdotique pour qu’ils n’induisent aucun sens particulier.
Texte de Philippe PIGUET février 2000
Ouverture de l’exposition au public du 16 novembre 2005 au 13 janvier 2006.