Eun-Sun PARK « existence – espace »
installations, peintures
artiste coréenne, vit et travaille à Séoul. Pour son projet d’exposition Eun-Sun Park bénéficie d’une résidence d’artiste à Troyes.
Texte de Ko Chung-hwan, traduit du coréen exposition à la galerie Artside.net à Séoul, janvier 2000
Depuis toujours on considère l’art plastique comme un art de l’espace. L’art spatial veut dire qu’une œuvre d’art possède une certaine condition matérielle, un certain volume qui nécessite un certain espace. Autrement dit, la matérialité de l’objet est sa propre condition d’existence. L’art spatial dicte le contenu ou l’objet que l’art plastique exprime. Il n’y a pas de doute, l’art plastique a besoin de l’espace pour s’exprimer. Un aboutissement théoriquement important de l’illusionnisme est l’art de recréer l’espace réel au moyen d’un espace virtuel, ce qu’on appelle justement la perspective.
Le travail d’Eun-sun Park se penche sur le problème de l’illusion de l’espace. Son intention est de prendre l’espace comme un objet d’expression en tant que tel plutôt que comme un contexte pour de la matérialité.
Le cœur de son travail est de dévoiler que la perspective qui est à la base d’une composition picturale est en réalité une composition dans l’espace virtuel. Bien que la perspective ressemble à la perception visuelle du réel, la composition picturale n’est qu’une interprétation du réel. En fait, entre le réel et l’interprétation du réel, il existe maint espace virtuel possible, et chacun est un vide laissé tel quel, plein de possibilités avant la réalisation d’une composition.
Autrement dit, la perception visuelle du réel n’est autre qu’une seule interprétation parmi d’innombrables d’autres compositions possibles. Puis il y a les circonstances psychologiques qui fonctionnent côte à côte avec la perception visuelle du réel, ce qui crée une expérience perceptuelle différente selon l’individu devant la composition de l’espace. Et enfin, entre le réel et la perception du réel, le réel et la composition du réel, il existe d’innombrables possibilités, minimes mais perceptibles, pour de la créativité artistique suggestive et subtile.
Park suggère dans son travail une double existence, la dissemblance entre le réel et la perception visuelle du réel, et la dissemblance entre le réel et la composition du réel. Par exemple, elle superpose une image réaliste composée sur une image abstraite et plate rappelant une illustration géométrique, ou une image relativement réaliste sur un miroir qui reflète le réel. Le résultat est fascinant, le pouvoir de ses images de nous fasciner résidant dans le développement d’une toile de fond qui nous rappelle une sorte de diagramme conceptuel illustrant un environnement illusoire plutôt qu’un environnement illusoire en tant que tel.
Ainsi, bien que les images que compose l’artiste soient plus ou moins fondées sur l’espace réel, elles semblent remarquablement plates. Ce qui est remarquable c’est que Park transforme l’espace de l’exposition en un espace de composition. Elle traite la structure propre de l’espace de l’exposition comme une prolongation de son travail à elle.
Ainsi, la réalisation d’un espace virtuel trouve sa frontière au cadre de la toile, tandis que le miroir s’étend au-delà du cadre. Non seulement cette technique accueille de manière positive l’espace donné comme partie intégrante du travail, mais en faisant confondre méthode visuelle de la perception et composition d’une perspective bien entendue, elle suggère une méthode visuelle perceptible et une composition à la perspective renversée.
Ouverture de l’exposition au public du 05 avril au 26 mai 2000.